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Catherine Guillemard

L'histoire des Allemands de la Volga. 1764 - 1999

235 ans d'une identité allemande originale.

Mémoire pour Diplôme d'Etudes Approfondies Cultures et Sociétés.
Professeur directeur : Madame Annie Allain U.F.R. de Langues Etrangères Appliquées .Lille3.ROUBAIX
Université d'inscription :Faculté des Affaires Internationales. LE HAVRE.
Septembre 1999

Table des matières

Introduction
La colonie de la Volga
Une colonisation programmée
Une entreprise communautaire
L'éveil politique
L'autonomie
Une autonomie bafouée
La déportation
Remarques

Introduction.

Devant la complexité des phénomènes de société, on cède à la facilité en les expliquant par le simple décompte des siècles et l'on se réfère au commencement d'un troisième millénaire, comme s'il était habilité à justifier toute évolution. Pourtant, un changement révolutionnaire, qui coïnciderait avec l'an 2000 se révèlera bientôt n'avoir été qu'un mirage.

Cependant, il ne faut pas ignorer la réalité de mécanismes nouveaux qui se sont développés au fil des ans et qui suscitent la réflexion sur des notions que l'on avait crues figées. Parmi elles, la notion de nationalité que l'Europe avait portée à maturité, puis poussée jusque dans ses déviances les plus extrêmes, est de nouveau à l'ordre du jour. L'ouverture du rideau de fer a révélé brutalement, derrière l'apparence de deux blocs stables, la réalité d'un monde multiple et sans cohésion. Il semble qu'il n'y ait pas un seul groupe culturel qui ne soit épargné par la mutation. Mais il ne s'agit pas pour autant d'un mouvement uniforme. Tout en étant de grande ampleur, le phénomène est marqué par la diversité. Le questionnement sur la notion de nationalité se pose à chaque fois, en des termes particuliers. Tandis que l'on assiste par exemple, en Yougoslavie, à l'exacerbation du sentiment national, l'Europe de l'Ouest, tout en prenant conscience de l'inanité des frontières, crée de nouveaux remparts autour des Etats de Schengen.
Le vocabulaire tente de traduire le mouvement. Les termes de groupe culturel, ethnie, code de la nationalité occupent le devant de la scène et déstabilisent l'image que l'on voulait stable de l'Etat-nation. Il ne s'agit pas ici de retracer l'historique du concept de nation, mais de s'attacher à un cas particulier, choisi dans un large faisceau d'événements.. L'objet de la présente étude est la migration des Allemands de la Volga, depuis leur départ et la colonisation des rives de la Volga, qui justifie la désignation adoptée ici, puis leur exil au Kazakhstan et enfin leur retour actuel en République Fédérale Allemande. Et comme, réciproquement, l'observation du cas particulier permet d'apporter des éclaircissements sur l'évolution générale, l'histoire des Allemands de la Volga peut apporter sa contribution à la réflexion sur la notion de nationalité.
Le mouvement de migration des minorités allemandes des pays de l'Europe de l'Est vers la République Fédérale n'est pas nouveau. Après les grands déplacements de population décidés dans le cadre des Accords de Potsdam , il y a eu une migration continue, mais discrète jusqu'en 1987, amenant sur une période de trente ans, 170.000 Allemands en République Fédérale Allemande. Puis entre 1987 et 1989, il lui fallut en accueillir le même nombre. Le chiffre de 1990 s'éleva à 397.067 personnes.
C'est avec l'amplification récente du phénomène que l'on en découvrit l'aspect insolite : des Allemands, qui revenaient des pays de l'Est se réclamaient de la même nationalité que les citoyens de la République Fédérale, alors qu'ils avaient des cultures différentes. La nouveauté de la situation vint alimenter la polémique sur le droit allemand de la nationalité. Les analyses les plus diverses furent développées, les plus simplistes aussi. Par exemple, les membres des minorités, qui étaient en position de devoir revendiquer leur appartenance au peuple allemand, furent soupçonnés de tenir des discours passéistes, voire entachés du lourd héritage national-socialiste, tandis qu'on accusait les citoyens de la R.F.A. de refouler leur propre histoire. Le strict compte rendu des faits pourrait soutenir cette thèse d'une parfaite logique : le destin des Allemands exilés aurait été symptomatique d'une volonté d'un peuple toujours tenté de s'étendre vers l'Est, ils auraient été l'avant-garde d'un pangermanisme destructeur, puis devenus ensuite l'exemple vivant de l'échec de cette politique, ils rentreraient en Allemagne, punis de leur volonté effrénée d'expansion. Enfin, toujours selon cette analyse, c'est parce qu'ils leur rappelleraient leur passé honteux que les citoyens de la R.F.A. les accueilleraient avec froideur, et pour certains, hostilité.
Bien entendu, un tel jugement est énoncé à mots couverts : il est trop chargé de préjugés dont on se sent coupable, car il reprend finalement à son compte le concept du peuple allemand colonisateur de l'Europe de l'Est que les nazis avaient développé parce qu'il leur donnait l'occasion de justifier leurs invasions. Cette image volontairement déformée des Allemands aurait dû disparaître avec l'effondrement du Troisième Reich. Elle est pourtant restée tenace, se faisant une place parmi les idées reçues.
Nous nous proposons d'aller bien au delà de cette analyse, qui se réfère uniquement au passé récent de l'Allemagne, et de retrouver des composantes plus anciennes dans l'histoire de la minorité exilée des Allemands de la Volga. Le Kazakhstan, d'où ils reviennent actuellement est bien loin de l'Allemagne Fédérale, mais est-ce vraiment à la seule distance dans l'espace qu'il faut attribuer l'image qu'ils donnent d'un monde lointain ? C'est aussi un éloignement dans l'histoire qui leur est reproché, en des termes méprisants parfois. Ils se voient ainsi accusés d'être rétrogrades. Sans aller jusqu'à reprendre hâtivement un tel jugement, il faut prendre en compte une constatation : leur installation en République Fédérale a créé des images surprenantes de la juxtaposition de deux cultures.
Une telle vision suscite l'émotion et il y a à l'origine de cet ouvrage, le désir de retracer l'histoire des Allemands de la Volga et de la faire connaître. Leur arrivée en République Fédérale en modifie la lecture. Quelques rencontres avec des Allemands de la Volga ont confirmé les comptes rendus d'interviews déjà effectuées par les chercheurs. Il n'y a pas lieu de répéter ce travail, mais de le faire connaître. La situation d'un groupe culturel, devenu notre proche voisin ne doit pas rester ignorée en France. D'autre part, son caractère exceptionnel est l'occasion d'aborder sous un angle original la question délicate de l'immigration.
C'est l'aspect humain qui oriente ici toute la réflexion sur la notion de nationalité. Il s'agit en premier lieu de répondre à la question suivante : quel vécu a formé le groupe culturel qui se reconnaît sous le nom d'Allemands de la Volga et donc quel sens donnent-ils à leur appartenance au peuple allemand ? La confrontation des individus aux aléas de l'histoire amène la deuxième question : dans quelle mesure les Allemands de la Volga ont-ils été les acteurs ou les jouets de la notion de nationalité?
Puisqu'il s'agit de faire en premier lieu, le récit du destin des Allemands de la Volga, le plan est chronologique. La première partie est consacrée à leur émigration et leur vie dans la colonie de la Volga. Même si la prospérité a été difficile à établir et s'est révélée précaire, cela reste une période d'expansion de la minorité. Les modalités du fonctionnement de la colonie permettront de mettre en évidence les caractéristiques de la société dans laquelle les membres de cette minorité se reconnaissent. Ce sont des ouvrages d'historiens qui nous ont permis de découvrir les débuts de la colonie et son développement jusqu'en 1941.
Le deuxième partie est celle du récit de la perte de leur territoire. En même temps que leur origine allemande leur fait perdre leur autonomie passée, ils doivent lutter pour leur survie. C'est un tournant dans leur vie qui explique les choix actuels de la minorité. Il a été possible de recueillir les témoignages de survivants eux-mêmes à la déportation.
Enfin, la période récente de leur immigration en République Fédérale Allemande pose dans des termes concrets la question de leur appartenance à la nationalité allemande et, plus largement, devient un élément de réflexion dans le débat général de la définition de la nationalité allemande en 2000. Les interviews des personnes concernées, soit en tant qu'immigrés allemands soit en tant que travailleurs sociaux ou autres observateurs extérieurs, ont permis de compléter des travaux d'enquête déjà menés en Allemagne.
Par ailleurs, c'est une histoire tellement singulière, faites de destins particuliers, qui se sont heurtés à des réalités inhabituelles, qu'elle ne peut se laisser réduire à un simple compte rendu et que, soit les lectures, soit les témoignages, ont suscité des commentaires qui réduisent cet ouvrage à une œuvre plus personnelle qu'impartiale.

La colonie de la Volga.

Un recrutement sur fond de misère.

Le destin des Allemands de la Volga se sépare de celui de leurs compatriotes à partir de 1764 lorsqu'ils décident de répondre à un appel de Catherine II de Russie qui annonce dans le manifeste du 22 juillet 1763 des dispositions visant à encourager l'installation de colons étrangers dans son pays.
Il est bien délicat de juger de la part réelle de liberté dans le choix que firent les émigrants de se lancer dans l'aventure. Les témoignages sont divers et font état de mobiles plus ou moins réfléchis. On trouve par exemple, celui du fils de famille d'artisans tisserands, Christian Gottlob Züge, qui refusa écoles et apprentissages et ne rêvait que de lointains voyages. Lorsqu'en 1764, il obtient enfin l'autorisation paternelle et se rend à Lübeck pour gagner Hambourg, Amsterdam et l'Amérique, il rencontre deux voyageurs qui lui déconseillent l'Amérique et réussissent à le convaincre de partir en Russie. Mais on trouve dans leur immense majorité, des pauvres tels Johann Georg Möhring qui raconte : » A Lübeck, j'ai reçu pour moi et ma femme deux chemises, deux paires de chaussures, deux paires de bas. » J.G.Möhring, lui, était capable de prendre lui-même la plume pour témoigner de sa pauvreté puisqu'il avait étudié à Tübingen et qu'on le retrouve plus tard comme enseignant. Mais la plupart d'entre eux sont analphabètes et il ne reste que les récits de tiers qui ne se sont pas montrés obligatoirement impartiaux. C'est ainsi que Züge raconte : « Une grande partie de la société se composait de rebuts qui cherchaient un refuge dans des régions lointaines et inhospitalières, parce que leur patrie les avait vomis, ou que pour le moins un tel destin les vengeait. » Il y avait sans doute, dans les comptes rendus de ceux qui savaient écrire, la volonté de ne pas être confondus avec des compagnons complètement démunis, des malheureux qui n'étaient peut-être pas de mauvaises mœurs, mais qui cherchaient dans l'émigration une chance de survie. Il semble bien en effet, que leur principale motivation ait été de fuir le sort misérable qu'ils connaissaient dans leur patrie. Heinz Ingenhorst donne les précisions suivantes: « Les conséquences désastreuses de la guerre, du dénuement, de la famine et du délabrement économique ainsi que la répression dans tous les domaines étaient des motifs qui favorisaient l'abandon de la patrie. »9 Dans de telles circonstances, quelle part de liberté y a-t-il eu dans la décision des émigrants ? Pourtant, si la frontière entre nécessité et détermination est imprécise, la volonté qu'ils avaient d'améliorer leur sort est indéniable.
Les prises de position des autorités en place laissent même supposer qu'il s'agissait presque d'un acte de rébellion. C'est le frère de Catherine II10, lui-même, Prince du Anhalt, qui enjoignit ses fonctionnaires dans une note du 8 Octobre 1765, de veiller à ce « qu' à l'occasion, comme les émigrants allemands qui partent pour l'étranger ont leur point de rassemblement à Rosslau, aucune personne de notre état ne soit entraînée à partir... comme ces gens sont encore dans la force de l'âge et peuvent bien travailler. »11 Ainsi donc, l'émigration des Allemands qui répondirent à l'appel de Catherine II n'était pas une entreprise de collaboration entre des Etats allemands et l'Impératrice de Russie. Pourtant, le manifeste, selon Lothar Dralle, « divulgué dans tous les pays d'Europe, eut seulement en Allemagne, un succès significatif » 12 Mais c'est là plutôt le signe d'une faiblesse du Saint-Empire Romain Germanique qui n'avait pas de loi permettant aux Etats de s'opposer aux agissements des recruteurs. Lothar Dralle indique qu'il fallut attendre 1768 pour que l'Empereur Joseph II réagisse par » une interdiction générale d'émigration. »13 J.F. Bourret donne le même compte rendu de la position des Etats allemands et précise que « Le manifeste de Catherine II du 22 Juillet 1763 fut diffusé en Allemagne à une époque où déjà certaines cours commençaient à prendre des mesures contre les agents autrichiens. »14 Le Siècle des Lumières est marqué par un intérêt des souverains pour les réflexions des premiers économistes : « Selon la « théorie de la population », on espérait pouvoir atteindre l'expansion économique d'un Etat par la multiplication de la main- d'œuvre. 15C'est donc de leur propre chef, que des gens décidaient de fuir leur seigneur.
Cependant, si les futurs colons avaient eu le courage de prendre une décision qui avait la force d'un acte de révolte, ils n'en étaient pas pour autant de brillants aventuriers.
Leur ignorance en faisait plutôt le jouet de recruteurs peu scrupuleux, au point que leur lieu de destination pouvait changer inopinément. Ainsi, Günzburg, dans le margraviat de Burgau était à la fois un lieu d'embarquement vers la Russie, mais aussi vers la Hongrie, si bien que Goguel, au service de Le Roy16 raconte : « Les transports de colons sont harcelés continuellement malgré mes passeports, auxquels les officiers autrichiens ne font pas la moindre attention. A toute outrance, ils en enlèvent les sujets qu'ils trouvent à leur gré, pour les faire soldats. Cela est arrivé à un certain nommé Jean Schreiber, de la Lorraine, qui a été arraché d'un transport avec sa femme et trois enfants. »17
Quant aux méthodes de recrutement des agents qui travaillaient pour la colonisation de la Volga, elles ne furent pas toujours des plus honnêtes. En effet, dans un premier temps, la Chancellerie de Protection pour les Etrangers, spécialement créée à Moscou pour organiser la colonisation, confia à des entrepreneurs la tâche de rassembler des populations et de les encadrer pendant le voyage et ensuite, comme directeurs d'organiser la colonie. Eux-mêmes étaient suffisamment engagés dans cette entreprise pour la considérer avec sérieux, mais ils firent appel à des collaborateurs douteux. J.-F. Bourret déclare : »Ces entrepreneurs s'entourèrent d'aventuriers de haut vol, amateurs de titres ronflants et fictifs et au passé parfois obscur. »18
Pour tenter de réagir contre de tels abus, Catherine II donna son accord à la proposition de son ambassadeur auprès de la Diète de Ratisbonne, Ivan Simoline, d'engager deux commissaires de recrutement à Ulm et à Francfort-sur-le-Main. J.-F. Bourret donne la précision :« Le choix de Simoline se porta sur Carl Friedrich Meixner, d'Augsbourg et Johann Facius, du Hanau. »19 Mais même si ceux-ci suivaient la directive contenue dans le rescrit de Catherine II d'accomplir leur mission « avec discernement, circonspection et prudence »20, ils durent s'assurer les services d'intermédiaires dont ils ne pouvaient pas contrôler les méthodes.
En outre, il y a, à la base du principe du recrutement lui-même, une part de tromperie : il s'agit de convaincre des gens de s'enrôler dans une entreprise pour le moins hasardeuse en leur cachant les risques qu'elle comporte. Aussi la plupart des annonces faites par les recruteurs étaient-elles enjôleuses. J.-F. Bourret expose les techniques publicitaires qu'il a découvertes dans les feuilles volantes retrouvées dans les archives familiales de certains colons, par exemple, dans celles de Daniel Huymann, qui signa son contrat le 16 Avril 1766. J.-F. Bourret déclare : « L'auteur utilise le procédé de l'énumération emphatique, accumulant les noms de plantes et animaux... »21

L'exploitation de la naïveté populaire se révèle criminelle dès que surgissent les premières difficultés d'organisation. Elles apparaissent dès le voyage. « L'article 3 du manifeste prévoit la possibilité d'une prise en charge par l'Etat du voyage jusqu'en Russie. »22 Mais c'est de toute évidence, une aide limitée, qui ne permet pas aux émigrants de faire face aux situations extrêmes qu'ils rencontrent. J.F. Bourret cite une description d'un convoi, recueillie dans un ouvrage anonyme paru en 1768 : « Ce jour-là, qui était très chaud, ils avaient parcouru un chemin long et difficile. Beaucoup avaient, en plus d'eux-mêmes, à s'occuper de quelques enfants ; pourtant, dès qu'ils aperçurent la petite ville de T. , ils déployèrent toutes les forces qui leur restaient pour être les premiers à acheter des vivres, étant donné qu'ils pouvaient facilement juger qu'il n'y aurait pas assez de réserves pour tous... »23.

Le bilan fournit par Heinz Ingenhorst est significatif du peu de cas dont les recruteurs firent de leurs recrues : il cite 15% de pertes dues soit aux décès, soit aux désertions au cours d'un périple de plusieurs mois. Selon son avis, « le voyage qui était d'environ 3.000 kilomètres représentait , compte tenu des conditions de l'époque, une aventure quasi inhumaine. »24

Le départ de ceux qu'on appellera plus tard les Allemands de la Volga est donc, à l'inverse d'une colonisation programmée par des Etats allemands désireux de conquête, la conséquence des carences du pouvoir affaibli, voire corrompu de souverains allemands incapables d'assurer le bien-être de leurs sujets. C'est dans ce sens que va l'analyse suivante : « Nous avons mis en évidence que c'est justement sous la pression de la nécessité que nos ancêtres ont émigré d'Allemagne, parce que la situation des masses laborieuses y était telle que celles-ci végétaient plus qu'elles ne vivaient. »24

Une colonisation programmée

Les colons fuyaient des seigneurs insensibles à leur condition, mais ils retombaient sous l'autorité d'un autre souverain qui ignora aussi leurs aspirations.
Bien entendu, on ne peut pas soupçonner Catherine II d'intentions malveillantes à l'égard des immigrants. D'ailleurs, le succès de l'entreprise dépendait du bien-être de chacun et la situation offerte par le manifeste présentait de nombreux avantages. Les colons étaient exemptés de services militaires et civils. « Ils pouvaient bénéficier d'avances d'argent pour le voyage, la construction d'une ferme, l'achat de matériel agricole et d'un cheptel et de semences, remboursables sans intérêt en trois tiers, la onzième, douzième et treizième année d'exploitation, la cession gratuite de terres, la vente détaxée pendant dix ans, l'exemption fiscale pendant trente ans, tels étaient les termes du contrat favorables aux colons, qui s'engageaient en revanche, à remettre le dixième de leurs productions à leur directeur. »25 Par ailleurs, la liberté religieuse est garantie aux catholiques et aux protestants. Il est précisé que « le prosélytisme est autorisé auprès des musulmans, mais rigoureusement interdit auprès des orthodoxes. »26 Il n'était donc pas question de leur accorder les mêmes avantages qu'aux catholiques orthodoxes, qui jouissaient d'une place privilégiée auprès des tsars de Russie. Cependant, la tolérance religieuse représentait, pour les catholiques et surtout, pour les protestants qui n'avaient pas le même contentieux avec l'église de Constantinople que les catholiques, une issue à la domination exercée par les différentes principautés allemandes.27

Comment expliquer alors que la réalité fut si décevante ? Sur place, « les colons ne trouvèrent pas d'infrastructure, à peine des matériaux de construction et pas de matériel agricole. »28Les chiffres témoignent de la situation. Jusqu'en 1768, on compte le départ de 27.000 colons. En 1773, le nombre d'habitants suit une courbe ascendante, mais les pertes n'ont pas encore été compensées. Le chiffre fourni par K.J. Bade est de 25.781 habitants 29.

C'est que le projet de Catherine II est celui du « despote éclairé » du XVIIIème siècle, proche des technocrates, mais très loin de la réalité vécue par les individus. Lothar Dralle déclare : « A la base de cette période de colonisation, il y a l'Etat absolu... »30 On procède d'après des théories alimentées par des arguments scientifiques et sous la direction d'administrations centrales. La colonisation de la Volga suit la tendance amorcée par Pierre le Grand de l'ouverture de la Russie à l'Occident. En outre Catherine II s'intéresse aux conceptions des Physiocrates31et cherche donc à développer l'agriculture et le libre-échange. En même temps, il devenait de plus en plus indispensable d'assurer une présence aux confins orientaux de l'Empire. A l'agitation permanente des tribus de Kirghiz, Bachkirs et Kalmouks s'ajoutaient des conflits frontaliers avec la Chine. J.F. Bourret écrit : « De la même manière qu'on stabilise les dunes par des plantations, Catherine II décida de fixer ses marches par la colonisation. »32

La démarche de Catherine II est donc celle d'un monarque absolu, avec tous les risques que cela comporte. Il aurait pu y avoir, malgré tout, concomitance entre les aspirations des colons et les attentes de l'impératrice. Après tout, la volonté affichée par le despotisme éclairé n'était-il pas d'améliorer le bien-être du peuple ? Mais il aurait fallu que les colons, liés par un contrat, fussent clairement au fait des conditions qui leur étaient accordées. En réalité, on laisse miroiter une marge

de manœuvre illusoire. Le choix du lieu, déjà déterminé par les besoins de l'Etat russe, n'est pas précisé. On peut lire dans le manifeste du 22 Juillet 1763 : « Nous permettons à touts étrangers de venir dans notre Empire et de s'établir indistinctement dans toutes nos provinces à leur choix. »33

Mais c'est surtout le malentendu portant sur la propriété qui représenta l'atteinte la plus grave à la liberté des colons. L'ambiguïté du manifeste fut largement exploitée par les démarcheurs comme par exemple dans ce document publicitaire : « Il est aisé de voir que les familles qui n'ont rien aujourd'hui chez elles, se trouveront en Russie, propriétaires... »34

On était bien loin de la vérité. En fait, c'était à la colonie dans son ensemble que les avantages énumérés dans le manifeste étaient concédés. Dès le 19 Mars 1764, une instruction impériale lève l'ambiguïté du manifeste et annonce clairement la conception de Catherine II : « Toutes les terres affectées à l'installation des colons leur sont données pour toujours en pleine possession incontestable et héréditaire, cependant non pas comme propriété personnelle d'un individu, mais comme bien commun de chaque colonie. »35

Ainsi, Catherine II, avait la volonté de réaliser son projet pour le bien de l'Empire, au mépris des aspirations individuelles. Une des premières conséquences en fut la mauvaise évaluation des besoins des colons. Leur situation se révéla dramatique dans les premiers temps de leur installation.
On voit donc les individus rencontrèrent la même indifférence dans le pays d'immigration que dans les Etats allemands qu'ils venaient de quitter. Mais parce qu'ils avaient pris la décision d'abandonner leur patrie pour survivre, ils réussirent à s'adapter. Lothar Dralle expose clairement leurs difficultés et en même temps, leur capacité à les surmonter : « Quand les Allemands arrivèrent dans la région de la Volga il leur fallut constater qu'à la place du paradis promis, c'était une région sauvage qui les attendait.
Tous les nouveaux venus n'étaient pas à la hauteur des difficultés de cette aventure. Quelques-uns abandonnèrent, d'autres moururent. Mais la plupart tint bon. »36
L'entreprise dans laquelle ils s'étaient engagés leur avait demandé trop d'énergie pour qu'ils fissent un constat d'échec. Ils ne pouvaient qu'adhérer totalement au projet, bien qu'il fût dicté par la raison d'Etat. Il y a là une donnée qui a façonné de façon durable le groupe culturel que représentent les Allemands de la Volga. L'idée qu'ils avaient émigré pour trouver mieux a fait d'eux une communauté agissante. Et pour rester actif dans des conditions que l'on doit accepter, il n'y a pas d'autre solution que de s'approprier les règles imposées. C'est ce qu'ils firent, tout en essayant de défendre au mieux leurs intérêts.

Une entreprise communautaire

Les règles que les colons durent adopter étaient celles qu'avait prévues Catherine II pour un fonctionnement efficace de la colonie. Selon son rôle de monarque absolu et éclairé, l'impératrice avait fait préparer la colonisation dès 1762 et créé une instance centrale, « La Chancellerie de Protection pour les Etrangers »37 D'ailleurs, le manifeste du 4 décembre 176238 témoigne de la détermination de Catherine II. J.F. Bourret déclare : « Ce souci de mener rondement l'affaire est plusieurs fois exprimé dans ce texte. »39

Dès le recrutement, l'organisation prend en considération la colonie dans son ensemble. Qu'il s'agisse des colonies fondées par les entrepreneurs, que l'on pourrait considérer comme les sous-traitants de l'entreprise, ou des commissaires nommés directement par le gouvernement russe, c'est au groupe que l'on s'adresse, ou plus exactement, à son directeur.40 C'est donc à lui et non pas à chacun des colons que sont accordées les avances en argent. Le contrat signé le 19 mai 1765 entre le Baron Caneau de Beauregard et le Comte Orlov, président de la Chancellerie de Protection pour les Etrangers expose les clauses suivantes : « Sur dépôt d'une caution auprès du représentant russe à Hambourg, Caneau recevra une avance de quinze mille roubles. Pour le voyage jusqu'au point d'embarquement, il pourra engager des dépenses jusqu'à quarante roubles par famille pour le transport et mille roubles pour cent familles pour la nourriture et le logement... Une fois sur les lieux, l'entrepreneur recevra une nouvelle avance de quatre mille roubles pour cent familles « pour leur installation économique », remboursable en trois termes après dix années, sans intérêt. »41 En même temps, c'est le directeur de la colonie qui doit tirer ses revenus du travail de ses colons.
Ce système de fonctionnement a inspiré divers commentaires. Ainsi, Heinz Ingenhorst va jusqu'à estimer que les colons étaient « propriété des entrepreneurs » et que pour eux, le manifeste n'était pas respecté.42 Jean-François Bourret a un avis plus nuancé. Il relève que « le point le plus défavorable au futur colon est dans la clause 3 où il s'engage à l'avance à se soumettre à toutes les dispositions que le chef de la colonie voudrait prendre pour le bien commun de cet établissement », mais affirme pourtant que « les contrats ne transforment pas les colons en serfs. »43 Il s'appuie sur la clause 7 du manifeste : « La clause 7 autorisait le colon à quitter la Russie à son gré, et en emportant ses biens, à condition qu'il ait préalablement remboursé les avances faites et payé un impôt sur ses avoirs, dégressif d'ailleurs au bout de cinq années. »44
A ces distinctions dans la lecture des textes, on pourrait ajouter une appréciation variable de la réalité selon la personnalité des directeurs eux-mêmes. Ainsi, Caneau prévoit une hiérarchie très réglementée et sollicite l'autorisation de « diviser les colons à la manière suisse, en régiments, compagnies, escouades et de donner des grades, afin d'éveiller chez les gens convoitise et zèle ».45
Sa proposition était sans doute dans l'esprit de l'administration russe qui, dès Lübeck, le port d'embarquement, esquissa la première organisation de colons : « Les commissaires choisissaient parmi les émigrants des responsables appelés Schulze, Vogt ou Vorsteher. »46
On pourrait imaginer des situations de dépendance intolérables. Heinz Ingenhorst remarque que les colons qui dépendaient d'entrepreneurs privés avaient des conditions de vie bien plus difficiles que ceux qui avaient été recrutés directement par les commissaires russes. Il signale d'ailleurs que des Allemands prirent part à la révolte des paysans de Jemeljan Pulgatschows de1773/74.
Pourtant, l'impératrice n'entendait pas laisser d'autres maîtres exploiter et dominer abusivement ses colonies. Ainsi, à l'origine de la création d'un organe décentralisé de la Chancellerie de Tutelle, il y, entre autres, « le comportement arbitraire des commissaires qui furent les chefs de convoi. »47 Par ailleurs, le gouvernement russe solda rapidement ses comptes avec les anciens entrepreneurs français.
Enfin, c'est le système collectiviste lui-même, contenu dans les dispositions prises dans le manifeste, qui offrait une très nette entrave à un abus de pouvoir de tel ou tel entrepreneur ou directeur. La domination qui s'imposa fut en effet celle du groupe dans son ensemble. J.F. Bourret écrit : « Chaque colon est en état de dépendance par rapport à l'ensemble du village représenté par l'assemblée du village ».48 La colonie a le statut de personne morale à l'égard de l'Etat et l'équilibre économique du village dépend des actes de chacun des individus. Bientôt, des statuts plus clairement définis permettent de distinguer le maire comme intermédiaire entre la population et les commissaires. Son rôle est significatif de l'esprit qui avait inspiré l'organisation communautaire de la colonie. Il n'est pas le chef du village en tant que meneur, mais plutôt l'exécutant de la collectivité, chargé de veiller au bon fonctionnement du village pour en assurer le meilleur rendement. C'est qu'il s'agissait, pour la collectivité, de répondre aux questions vitales, puis peu à peu, de dépasser le seuil de la survie. Le village devait en effet, s'acquitter de sa dette envers l'Etat russe. « Les avances consenties sous forme de prêts par la Couronne pour l'installation des colons ne sont pas considérées comme la dette personnelle de chaque colon, mais comme celle de toute la communauté de la colonie, c'est pourquoi la dette de la Couronne ne peut être éteinte par le décès d'un colon, mais elle doit être payée par la commune à laquelle appartenait celui qui est décédé. »49 De la même manière, les impôts étaient prélevés collectivement et il est précisé que « la répartition interne des impôts dans les colonies est laissée à l'estimation de la communauté de chaque colonie. »50 Mais la comptabilisation était faite selon le recensement de la population. Ainsi, « la taxe pour l'entretien des institutions judiciaires était de cinq kopecks par âme/révision, la taxe pour l'entretien des routes et voies d'eau de neuf kopecks par âme/révision. »51 Même s'ils ne l'avaient pas été au départ, les colons ne pouvaient que devenir solidaires. « La plus petite épidémie pouvait réduire rapidement le nombre d'habitants mais l'administration ne tenait pas compte de ces fluctuations entre deux révisions. »52
De telles conditions suscitent un contrôle de chacun par le groupe. L'individu doit rendre des comptes, non seulement d'efficacité dans le travail, mais aussi d'intégrité dans sa vie privée. Il en résulte une réglementation très stricte qui va dans le sens de l'intérêt commun. Par exemple, « un colon désirant s'absenter doit obtenir du maire une attestation que son absence ne sera pas dommageable à la tenue de son exploitation. »53 Et comme un des éléments importants de l'équilibre social et économique est la stabilité de la cellule de base qu'est la famille, le mariage est soumis à l'appréciation du maire : « C'est lui qui reçoit la demande, l'envoie au Comptoir qui retourne à l'autorité religieuse un bulletin autorisant la célébration du mariage. »54

De telles contraintes auraient pu avoir un effet très négatif. Au contraire, cette organisation fut un terrain favorable à l'épanouissement de la colonie. La première raison est que le système mis en place par Catherine II, tout en maintenant le principe directeur de la réalisation de son projet, donnait à la colonie une autonomie suffisante pour masquer ses fins. Ainsi, pour compléter l'exemple précédent, il faudrait ajouter cette précision : « Il faut essentiellement que le couple ait été reconnu apte à exercer l'activité de son état, agriculture, commerce, artisanat. »55 En fait, presque tous les immigrants qui avaient répondu au manifeste du 22 Juillet 1763 ont été contraints de devenir des agriculteurs. On comprend ici sur quelles bases s'est formé l'esprit de la colonie. Les contraintes imposées par Catherine II ont été transposées par le principe de la communauté sur le groupe et sont devenues des valeurs morales que la collectivité a reprises à son compte et développées dans sa culture. L'intégrité morale, la valorisation du travail servaient en même temps l'impératrice et le village.
La deuxième raison est une coïncidence entre les aspirations des colons et l'indifférence adoptée traditionnellement par l'administration russe à l'égard des étrangers. Les Allemands qui s'installèrent sur les bords de la Volga avaient abandonné leur patrie, chassés par la misère et ils nourrissaient le rêve de recréer ici, une autre patrie, plus clémente. Heinz Ingenhorst expose leur projet : « Ils voulaient créer dans le nouveau monde d'autres communautés « allemandes » autonomes qui fussent pourvues de toutes les libertés (liberté de religion et de culture, pas de service militaire, pas de servage, etc.), dont ils avaient été privés dans leur ancienne patrie »56 Leur idéal d'une société allemande, qu'ils voulaient créer dans la colonie, s'accompagnait des valeurs de travail dont ils avaient besoin pour survivre. Leur volonté de rester entre eux s'accommodait parfaitement de l'indifférence des autochtones. Il n'y avait pas de volonté d'intégration de la part d'aucun des deux signataires du contrat.
Chacun poursuivait son projet et les Allemands de la Volga conservèrent d'autant mieux leur identité que l'Empire russe avait créé un système qui allait dans leur sens. J.F. Bourret fait le bilan suivant : « La responsabilité collective, le souci d'unanimité, les nombreuses tâches faites en commun, le caractère inaliénable de la terre, les contraintes fiscales de tout déplacement, les privilèges liés à l'état du colon donnèrent à chaque colonie une force centripète exceptionnelle créant les conditions d'une conservation de l'identité d'origine. »57

Ainsi, la politique de la Russie tsariste avait conforté les Allemands de la Volga dans un ostracisme qui leur convenait. D'un sentiment justifié d'appartenir à une communauté courageuse, la minorité pouvait suivre une tendance dangereuse au replis sur soi et au chauvinisme. Mais ils s'étaient aussi appropriés les valeurs communautaires qui leur avaient été imposées. Ainsi, ils ne resteraient pas une colonie isolée, fermée au monde qui évoluait autour d'elle. Au contraire, en renforçant leur engagement dans la vie du groupe, ils allaient, mieux qu'aucun autre peuple de Russie, savoir utiliser les voies de la politique pour défendre leurs intérêts. Au milieu des transformations qui allaient secouer la Russie, ils allaient prendre parti et dès que les structures administratives leur en donneraient l'opportunité, ils sauraient affirmer leur identité d'une manière constructive.

Des 17,5 millions d'Allemands qui vivaient en 1939 à l'Est des frontières actuelles de l'Allemagne Fédérale, on n'en comptait plus en 1960 qu'environ 4 millions. Ce chiffre est indiqué par Joachim Rogall dans l'introduction qu'il a rédigée pour le bulletin d'information gouvernemental de la République Fédérale, intitulé Informationen zur politischen Bildung. Aussiedler. Référence 222. B6897F. Nouvelle édition 1991. P.1. Mais cette donnée prend aussi en compte les pertes humaines dues aux persécutions à la suite de la guerre.

Une autre source permet d'évaluer approximativement le nombre d'Allemands qui ont quitté les pays de l'Est à la fin de la deuxième guerre mondiale. Il s'agit de l'étude de Heinz Ingenhorst. Die Rußlanddeutschen..Campus Forschung.1997. p.73. »Allein etwa zwölf Millionen Menschen waren am Ende des Zweiten Weltkrieges aus Ostdeutschland und den deutschen Siedlungsgebieten in der UdSSR, Polen, der Tschechoslowakei, Rumänien, Ungarn, den baltischen Staaten und dem Balkan geflohen, umgesiedelt oder vertrieben worden. »A la fin de la deuxième guerre mondiale, pas moins d'environ 12 millions de gens de l'Est de l'Allemagne, des colonies allemandes en URSS, Pologne, Tchécoslovaquie, Roumanie, Hongrie, dans les Pays Baltes et les Balkans avaient fui ou avaient été déplacés.  weiter

Remarques

Heinz Ingenhorst. Die Rußlanddeutschen. Campus Forschung. 1997.p. 94.

P. 94. Ouvrage cité à la note 2.

4 La date est confirmée par Jean-.François Bourret, dans son ouvrage Les Allemands de la Volga, histoire culturelle d'une minorité, 1763-1941. Presses Universitaires de Lyon. Editions du C.N.R.S. 1986. P.19 : « Avant de confier le recrutement de colons à des commissaires agréés par les représentations russes en Allemagne, la Chancellerie de protection pour les étrangers signa des contrats avec des entrepreneurs...

Le premier contrat de ce genre fut signé le 17 novembre 1764 à Paris ... »

Il s'agit d'un deuxième manifeste. Jean-François Bourret déclare : » Dans le préambule, la souveraine fait référence au manifeste du 4 décembre 1762 et reconnaît explicitement l'insuccès de ce dernier dû à la brièveté des explications données. » P. 14.Ouvrage cité note 4.

6 Des extraits du témoignage de Christian Gottlob Züge sont cités par Jean-François Bourret dans son ouvrage dont les références sont indiquées à la note 4. Jean-François Bourret a lui-même utilisé le compte rendu de W. Webel, intitulé Der russische Colonist oder Christian Gottlob Züges Leben in Russland.Naumburg/Zeitz. 1802.

P. Ouvrage cité note 4.

Dans son ouvrage cité note 2, J.F. Bourret donne à la note 23 la référence de cette citation. P. 16. Ouvrage cité note 6.

9 P.21. Ouvrage cité note 1.Texte original : »Die verheerenden Folgen des Krieges, Not, Hunger und wirschaftlicher Ruin sowie die umfassende Unterdrückung waren Gründe, die ein Verlassen der Heimat nahelegten. »
10 Catherine II est née à Stettin et est la fille du duc d'Anhalt-Zerbst.
11 P.140. Lothar Dralle. Die Deutschen in Ostmittel- und Osteuropa. Wissenschaftliche Buchgesellschaft. 1991. Darmstadt. Texte original : »dass, bei Gelegenheit, da die deutschen Emigranten, die nach Ausland gehen, ihren Versammlungsort zu Rosslau haben, keine Leute aus unserem Land wegzugehen verleiten... da diese Leute noch bei guten Jahren und Kräften sind und gut arbeiten können. »
12 P. 138. Ouvrage cité note 11. Texte original : »In allen europäischen Staaten bekanntgemacht, hatte es nennenswert Erfolg allein in Deutschland. »
13 P. 140. Ouvrage cité note 11. Texte original : »In Deutschland erließ Kaiser Josef II. ein allgemeines Auswanderungsverbot. »
14 P.40. Ouvrage cité note 4.
15 Alfred Eisfeld.. Article paru dans le cahier n°222 d'Informations pour la formation politique, édité par le Centre Fédéral de l'information de BonnOuvrage cité note 1 . P.10.Texte original : « Der « Populationstheorie » entsprechend erhoffte man den wirtschaftlichen Aufschwung eines Landes durch die Vermehrung der Arbeitskräfte erreichen zu können. »
16 J.F. Bourret le désigne sous le nom d'entrepreneur et il explique que la Chancellerie de Protection pour les Etrangers, créée par Catherine II à l'occasion de l'entreprise de colonisation, fit appel à des entrepreneurs pour le recrutement de colons. »Le premier contrat de ce genre fut signé le 17 novembre 1764 à Paris... Il servit de base à deux autres contrats, l'un avec Le Roy et Pictet, l'autre avec le Baron Caneau de Beauregard ». P.19. Ouvrage cité note 4.
17 Lettre de Simoline au Prince de Gorlitzine du 1er mai 1766. Pisarevskii. Simoline était l'ambassadeur de Catherine II auprès de la Diète de Ratisbonne.
18 P.21. Ouvrage cité note 4.
19 P.22. Ouvrage cité note 4.
20 Citation reprise de l'ouvrage de J.F. Bourret, cité note 4.P.30
21 P.24. Ouvrage cité note 4.
22 P.15. Ouvrage cité note 4.
23 P.33. Ouvrage cité note 2.
24a P.21-22. Ouvrage cité note 1. Texte original : »Die etwa dreitausend Kilometer lange Reise stellte unter den damaligen Bedingungen eine fast unmenschliche Strapaze dar. »
24b D. Schmidt. Studien über die Geschichte der Wolgadeutschen : Seit der Einwanderung bis zum imperialistischen Weltkriege » (Prokovsk / Moscou/ Kharkov) Zentral-Völker-Verlag. 1930. T.1. P.40.
25 P.28. J.F. Bourret. Ouvrage cité note 4.
26 P.14.J.F. Bourret. Ouvrage cité note 4.
27 J.F. Bourret fait une analyse détaillée de la place faite aux Eglises en Russie dans le chapitre II de son ouvrage cité note 4.
28 P. 22. H. Ingenhorst. Ouvrage cité note 2. Texte original : « ... die Siedler fanden keine Infrastruktur, kaum Baumaterial und keine landwirschaftlichen Geräte vor. »
29 P.92 T.1.J.K. Bade.Ausländer. Aussiedler. Asyl in der Bundesrepublik. Hannover. 1992.
30 P. 120. L. Dralle. Ouvrage cité note 11. Texte original : « Der Träger dieses Siedlungsabschnittes ist der absolute Staat. »
31 Le chef de file de l'Ecole physiocratique est François Quesnay (1694-1774). Selon les Physiocrates, la classe productive est celle des travailleurs de la terre, car elle crée plus de richesses qu'elle n'en consomme.
32 P.17.J.F. Bourret. Ouvrage cité note 4.
33 P.20 J.F. Bourret. Ouvrage cité note 4.
34 P.11. Les Archives de la Bastille dans La Revue des Revues. 4ème trimestre 1896. Ouvrage cité par J.F. Bourret. P.26.
Ouvrage cité note 4.
35 Code colonial appelé Colonialkodex ( référence de l'article :kol. 159) Sammlung der Bestimmungen und Verordnungen für die Kolonien der Ausländer im russischen Reiche, traduit par A. Peck. Saint-Pétersbourg. 1862. Ouvrage cité par J.F. Bourret.P.55. Ouvrage cité note 4.
36 P. 140. L. Dralle. Ouvrage cité note 11. Texte original : » Als die Deutschen im Wolga-Gebiet ankamen, mussten sie feststellen, das dort statt des versprochenen Paradieses eine Wildnis auf sie wartete.
Nicht jeder der Neuankömmlinge war den Strapazen gewachsen. Einige gaben auf, andere starben. Die Mehrzahl aber biss sich durch.
»
37 P. 45. J.F. Bourret donne la précision suivante : « La traduction allemande utilise l'expression Tutel-Kanzeley ou Kanzlei der Vormundschaft für die Ausländer. L'analyse des textes créant cet organisme s'accomode mieux de l'idée de protection ; la pratique, en revanche évoque davantage une tutelle. »Ouvrage cité note 4.
38 Le manifeste du 4 décembre 1762 fut publié dans Polnoe Sobranie Zakonov Rossiïskoï Imperii.T16, sous le numéro 11720, P.126-127. J.F. Bourret cite le Recueil Complet des Lois de l'Empire russe sous l'abréviation P.S.Z.
39 P.45 J.F. Bourret. Ouvrage cité note 4.
40 P.19.J.F. Bourret explique : « (Les entrepreneurs) eurent pour obligation de rassembler des populations, de les encadrer pendant le voyage, de s'établir enfin avec eux comme directeurs d'un ensemble de colonies. » Ouvrage cité note 4.
41 P.19.J.F. Bourret. Ouvrage cité note 4.
42 P. 22. Heinz Ingenhorst. Ouvrage cité note 2. Texte original : « Für diese Kolonisten war das Manifest in großen Teilen außer Kraft, sie waren Hörige der Lokatoren. »
43 P.27 J.F.Bourret. Ouvrage cité note 4.
44 P.28. J.F. Bourret. Ouvrage cité note 4.
45 P.20.J.F. Bourret. Ouvrage cité note 4.
46 P. 37. J.F. Bourret. Ouvrage cité note 4.
47 P.48.J.F. Bourret. Ouvrage cité suivante note 4.
48 P.54.J.F. Bourret. Ouvrage cité note 4. Par ailleurs, on trouve dans le même ouvrage, P.53, la précision suivante : « La base de l'organisation interne de la colonie est l'assemblée du village à laquelle doivent participer les colons à raison de d'au moins un représentant par ferme. La participation est obligatoire sous peine d'amende. »
49 Ouvrage cité note 38.kol 293.
50 Ouvrage cité note 38.kol 269.
51 Ouvrage cité note 38 kol 244.
52 P.55-56. J.F. Bourret. Ouvrage cité note 4.
53 Ouvrage cité note 38.kol 424.
54 P.52. J.F. Bourret. Ouvrage cité note 4.
55 P.52.J.F. Bourret. Ouvrage cité note 4.
56 P.11. Heinz Ingenhorst. Ouvrage cité note 2. Texte original : « Sie wollten auf Neuland neue, selbstverwaltete « deutsche » Gemeinwesen schaffen, die mit all den Freiheiten (Religions- und Kulturfreiheit, kein Militärdienst, keine Leibeigenschaft, etc.) ausgestattet waren, die ihnen in der « alten » Heimat verwehrt worden waren.
57 P. 56. J.F. Bourret. Ouvrage cité note 4.


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