Mémoire pour Diplôme d'Etudes Approfondies Cultures et
Sociétés.
Professeur directeur : Madame Annie Allain U.F.R. de Langues Etrangères
Appliquées .Lille3.ROUBAIX
Université d'inscription :Faculté des Affaires Internationales.
LE HAVRE.
Septembre 1999
Introduction
La colonie
de la Volga
Une colonisation
programmée
Une entreprise
communautaire
L'éveil
politique
L'autonomie
Une autonomie
bafouée
La déportation
Remarques
Devant la complexité des phénomènes de société, on cède à la facilité en les expliquant par le simple décompte des siècles et l'on se réfère au commencement d'un troisième millénaire, comme s'il était habilité à justifier toute évolution. Pourtant, un changement révolutionnaire, qui coïnciderait avec l'an 2000 se révèlera bientôt n'avoir été qu'un mirage.
Cependant, il ne faut pas ignorer la réalité de mécanismes
nouveaux qui se sont développés au fil des ans et qui suscitent
la réflexion sur des notions que l'on avait crues figées. Parmi
elles, la notion de nationalité que l'Europe avait portée à
maturité, puis poussée jusque dans ses déviances les
plus extrêmes, est de nouveau à l'ordre du jour. L'ouverture
du rideau de fer a révélé brutalement, derrière
l'apparence de deux blocs stables, la réalité d'un monde multiple
et sans cohésion. Il semble qu'il n'y ait pas un seul groupe culturel
qui ne soit épargné par la mutation. Mais il ne s'agit pas
pour autant d'un mouvement uniforme. Tout en étant de grande ampleur,
le phénomène est marqué par la diversité. Le
questionnement sur la notion de nationalité se pose à chaque
fois, en des termes particuliers. Tandis que l'on assiste par exemple, en
Yougoslavie, à l'exacerbation du sentiment national, l'Europe de l'Ouest,
tout en prenant conscience de l'inanité des frontières, crée
de nouveaux remparts autour des Etats de Schengen.
Le vocabulaire tente de traduire le mouvement. Les termes de groupe culturel,
ethnie, code de la nationalité occupent le devant de la scène
et déstabilisent l'image que l'on voulait stable de l'Etat-nation.
Il ne s'agit pas ici de retracer l'historique du concept de nation, mais
de s'attacher à un cas particulier, choisi dans un large faisceau
d'événements.. L'objet de la présente étude est
la migration des Allemands de la Volga, depuis leur départ et la
colonisation des rives de la Volga, qui justifie la désignation
adoptée ici, puis leur exil au Kazakhstan et enfin leur retour actuel
en République Fédérale Allemande. Et comme,
réciproquement, l'observation du cas particulier permet d'apporter
des éclaircissements sur l'évolution générale,
l'histoire des Allemands de la Volga peut apporter sa contribution à
la réflexion sur la notion de nationalité.
Le mouvement de migration des minorités allemandes des pays de l'Europe
de l'Est vers la République Fédérale n'est pas nouveau.
Après les grands déplacements de population décidés
dans le cadre des Accords de Potsdam , il y a eu une migration continue,
mais discrète jusqu'en 1987, amenant sur une période de trente
ans, 170.000 Allemands en République Fédérale Allemande.
Puis entre 1987 et 1989, il lui fallut en accueillir le même nombre.
Le chiffre de 1990 s'éleva à 397.067 personnes.
C'est avec l'amplification récente du phénomène que
l'on en découvrit l'aspect insolite : des Allemands, qui revenaient
des pays de l'Est se réclamaient de la même nationalité
que les citoyens de la République Fédérale, alors qu'ils
avaient des cultures différentes. La nouveauté de la situation
vint alimenter la polémique sur le droit allemand de la nationalité.
Les analyses les plus diverses furent développées, les plus
simplistes aussi. Par exemple, les membres des minorités, qui
étaient en position de devoir revendiquer leur appartenance au peuple
allemand, furent soupçonnés de tenir des discours passéistes,
voire entachés du lourd héritage national-socialiste, tandis
qu'on accusait les citoyens de la R.F.A. de refouler leur propre histoire.
Le strict compte rendu des faits pourrait soutenir cette thèse d'une
parfaite logique : le destin des Allemands exilés aurait été
symptomatique d'une volonté d'un peuple toujours tenté de
s'étendre vers l'Est, ils auraient été l'avant-garde
d'un pangermanisme destructeur, puis devenus ensuite l'exemple vivant de
l'échec de cette politique, ils rentreraient en Allemagne, punis de
leur volonté effrénée d'expansion. Enfin, toujours selon
cette analyse, c'est parce qu'ils leur rappelleraient leur passé honteux
que les citoyens de la R.F.A. les accueilleraient avec froideur, et pour
certains, hostilité.
Bien entendu, un tel jugement est énoncé à mots couverts
: il est trop chargé de préjugés dont on se sent coupable,
car il reprend finalement à son compte le concept du peuple allemand
colonisateur de l'Europe de l'Est que les nazis avaient développé
parce qu'il leur donnait l'occasion de justifier leurs invasions. Cette image
volontairement déformée des Allemands aurait dû
disparaître avec l'effondrement du Troisième Reich. Elle est
pourtant restée tenace, se faisant une place parmi les idées
reçues.
Nous nous proposons d'aller bien au delà de cette analyse, qui se
réfère uniquement au passé récent de l'Allemagne,
et de retrouver des composantes plus anciennes dans l'histoire de la
minorité exilée des Allemands de la Volga. Le Kazakhstan,
d'où ils reviennent actuellement est bien loin de l'Allemagne
Fédérale, mais est-ce vraiment à la seule distance dans
l'espace qu'il faut attribuer l'image qu'ils donnent d'un monde lointain
? C'est aussi un éloignement dans l'histoire qui leur est reproché,
en des termes méprisants parfois. Ils se voient ainsi accusés
d'être rétrogrades. Sans aller jusqu'à reprendre
hâtivement un tel jugement, il faut prendre en compte une constatation
: leur installation en République Fédérale a
créé des images surprenantes de la juxtaposition de deux
cultures.
Une telle vision suscite l'émotion et il y a à l'origine de
cet ouvrage, le désir de retracer l'histoire des Allemands de la Volga
et de la faire connaître. Leur arrivée en République
Fédérale en modifie la lecture. Quelques rencontres avec des
Allemands de la Volga ont confirmé les comptes rendus d'interviews
déjà effectuées par les chercheurs. Il n'y a pas lieu
de répéter ce travail, mais de le faire connaître. La
situation d'un groupe culturel, devenu notre proche voisin ne doit pas rester
ignorée en France. D'autre part, son caractère exceptionnel
est l'occasion d'aborder sous un angle original la question délicate
de l'immigration.
C'est l'aspect humain qui oriente ici toute la réflexion sur la notion
de nationalité. Il s'agit en premier lieu de répondre à
la question suivante : quel vécu a formé le groupe culturel
qui se reconnaît sous le nom d'Allemands de la Volga et donc quel sens
donnent-ils à leur appartenance au peuple allemand ? La confrontation
des individus aux aléas de l'histoire amène la deuxième
question : dans quelle mesure les Allemands de la Volga ont-ils été
les acteurs ou les jouets de la notion de nationalité?
Puisqu'il s'agit de faire en premier lieu, le récit du destin des
Allemands de la Volga, le plan est chronologique. La première partie
est consacrée à leur émigration et leur vie dans la
colonie de la Volga. Même si la prospérité a été
difficile à établir et s'est révélée
précaire, cela reste une période d'expansion de la minorité.
Les modalités du fonctionnement de la colonie permettront de mettre
en évidence les caractéristiques de la société
dans laquelle les membres de cette minorité se reconnaissent. Ce sont
des ouvrages d'historiens qui nous ont permis de découvrir les
débuts de la colonie et son développement jusqu'en 1941.
Le deuxième partie est celle du récit de la perte de leur
territoire. En même temps que leur origine allemande leur fait perdre
leur autonomie passée, ils doivent lutter pour leur survie. C'est
un tournant dans leur vie qui explique les choix actuels de la minorité.
Il a été possible de recueillir les témoignages de
survivants eux-mêmes à la déportation.
Enfin, la période récente de leur immigration en République
Fédérale Allemande pose dans des termes concrets la question
de leur appartenance à la nationalité allemande et, plus largement,
devient un élément de réflexion dans le débat
général de la définition de la nationalité allemande
en 2000. Les interviews des personnes concernées, soit en tant
qu'immigrés allemands soit en tant que travailleurs sociaux ou autres
observateurs extérieurs, ont permis de compléter des travaux
d'enquête déjà menés en Allemagne.
Par ailleurs, c'est une histoire tellement singulière, faites de destins
particuliers, qui se sont heurtés à des réalités
inhabituelles, qu'elle ne peut se laisser réduire à un simple
compte rendu et que, soit les lectures, soit les témoignages, ont
suscité des commentaires qui réduisent cet ouvrage à
une uvre plus personnelle qu'impartiale.
Un recrutement sur fond de misère.
Le destin des Allemands de la Volga se sépare de celui de leurs
compatriotes à partir de 1764 lorsqu'ils décident de répondre
à un appel de Catherine II de Russie qui annonce dans le manifeste
du 22 juillet 1763 des dispositions visant à encourager l'installation
de colons étrangers dans son pays.
Il est bien délicat de juger de la part réelle de liberté
dans le choix que firent les émigrants de se lancer dans l'aventure.
Les témoignages sont divers et font état de mobiles plus ou
moins réfléchis. On trouve par exemple, celui du fils de famille
d'artisans tisserands, Christian Gottlob Züge, qui refusa écoles
et apprentissages et ne rêvait que de lointains voyages. Lorsqu'en
1764, il obtient enfin l'autorisation paternelle et se rend à Lübeck
pour gagner Hambourg, Amsterdam et l'Amérique, il rencontre deux voyageurs
qui lui déconseillent l'Amérique et réussissent à
le convaincre de partir en Russie. Mais on trouve dans leur immense
majorité, des pauvres tels Johann Georg Möhring qui raconte :
» A Lübeck, j'ai reçu pour moi et ma femme deux chemises,
deux paires de chaussures, deux paires de bas. » J.G.Möhring,
lui, était capable de prendre lui-même la plume pour témoigner
de sa pauvreté puisqu'il avait étudié à
Tübingen et qu'on le retrouve plus tard comme enseignant. Mais la plupart
d'entre eux sont analphabètes et il ne reste que les récits
de tiers qui ne se sont pas montrés obligatoirement impartiaux. C'est
ainsi que Züge raconte : « Une grande partie de la
société se composait de rebuts qui cherchaient un refuge dans
des régions lointaines et inhospitalières, parce que leur patrie
les avait vomis, ou que pour le moins un tel destin les vengeait. »
Il y avait sans doute, dans les comptes rendus de ceux qui savaient écrire,
la volonté de ne pas être confondus avec des compagnons
complètement démunis, des malheureux qui n'étaient
peut-être pas de mauvaises murs, mais qui cherchaient dans
l'émigration une chance de survie. Il semble bien en effet, que leur
principale motivation ait été de fuir le sort misérable
qu'ils connaissaient dans leur patrie. Heinz Ingenhorst donne les
précisions suivantes: « Les conséquences désastreuses
de la guerre, du dénuement, de la famine et du délabrement
économique ainsi que la répression dans tous les domaines
étaient des motifs qui favorisaient l'abandon de la patrie.
»9 Dans de telles
circonstances, quelle part de liberté y a-t-il eu dans la décision
des émigrants ? Pourtant, si la frontière entre
nécessité et détermination est imprécise, la
volonté qu'ils avaient d'améliorer leur sort est
indéniable.
Les prises de position des autorités en place laissent même
supposer qu'il s'agissait presque d'un acte de rébellion. C'est le
frère de Catherine
II10, lui-même, Prince
du Anhalt, qui enjoignit ses fonctionnaires dans une note du 8 Octobre 1765,
de veiller à ce « qu' à l'occasion, comme les
émigrants allemands qui partent pour l'étranger ont leur point
de rassemblement à Rosslau, aucune personne de notre état ne
soit entraînée à partir... comme ces gens sont encore
dans la force de l'âge et peuvent bien travailler.
»11 Ainsi donc,
l'émigration des Allemands qui répondirent à l'appel
de Catherine II n'était pas une entreprise de collaboration entre
des Etats allemands et l'Impératrice de Russie. Pourtant, le manifeste,
selon Lothar Dralle, « divulgué dans tous les pays d'Europe,
eut seulement en Allemagne, un succès significatif »
12 Mais c'est là
plutôt le signe d'une faiblesse du Saint-Empire Romain Germanique qui
n'avait pas de loi permettant aux Etats de s'opposer aux agissements des
recruteurs. Lothar Dralle indique qu'il fallut attendre 1768 pour que l'Empereur
Joseph II réagisse par » une interdiction générale
d'émigration.
»13 J.F. Bourret donne
le même compte rendu de la position des Etats allemands et précise
que « Le manifeste de Catherine II du 22 Juillet 1763 fut
diffusé en Allemagne à une époque où déjà
certaines cours commençaient à prendre des mesures contre les
agents autrichiens.
»14 Le Siècle
des Lumières est marqué par un intérêt des souverains
pour les réflexions des premiers économistes : « Selon
la « théorie de la population », on espérait pouvoir
atteindre l'expansion économique d'un Etat par la multiplication de
la main- d'uvre.
15C'est donc de leur propre
chef, que des gens décidaient de fuir leur seigneur.
Cependant, si les futurs colons avaient eu le courage de prendre une
décision qui avait la force d'un acte de révolte, ils n'en
étaient pas pour autant de brillants aventuriers.
Leur ignorance en faisait plutôt le jouet de recruteurs peu scrupuleux,
au point que leur lieu de destination pouvait changer inopinément.
Ainsi, Günzburg, dans le margraviat de Burgau était à
la fois un lieu d'embarquement vers la Russie, mais aussi vers la Hongrie,
si bien que Goguel, au service de Le
Roy16 raconte : «
Les transports de colons sont harcelés continuellement malgré
mes passeports, auxquels les officiers autrichiens ne font pas la moindre
attention. A toute outrance, ils en enlèvent les sujets qu'ils trouvent
à leur gré, pour les faire soldats. Cela est arrivé
à un certain nommé Jean Schreiber, de la Lorraine, qui a
été arraché d'un transport avec sa femme et trois
enfants. »17
Quant aux méthodes de recrutement des agents qui travaillaient pour
la colonisation de la Volga, elles ne furent pas toujours des plus
honnêtes. En effet, dans un premier temps, la Chancellerie de Protection
pour les Etrangers, spécialement créée à Moscou
pour organiser la colonisation, confia à des entrepreneurs la tâche
de rassembler des populations et de les encadrer pendant le voyage et ensuite,
comme directeurs d'organiser la colonie. Eux-mêmes étaient
suffisamment engagés dans cette entreprise pour la considérer
avec sérieux, mais ils firent appel à des collaborateurs douteux.
J.-F. Bourret déclare : »Ces entrepreneurs s'entourèrent
d'aventuriers de haut vol, amateurs de titres ronflants et fictifs et au
passé parfois obscur.
»18
Pour tenter de réagir contre de tels abus, Catherine II donna son
accord à la proposition de son ambassadeur auprès de la Diète
de Ratisbonne, Ivan Simoline, d'engager deux commissaires de recrutement
à Ulm et à Francfort-sur-le-Main. J.-F. Bourret donne la
précision :« Le choix de Simoline se porta sur Carl Friedrich
Meixner, d'Augsbourg et Johann Facius, du Hanau.
»19 Mais même si ceux-ci suivaient
la directive contenue dans le rescrit de Catherine II d'accomplir leur mission
« avec discernement, circonspection et prudence
»20, ils durent s'assurer les
services d'intermédiaires dont ils ne pouvaient pas contrôler
les méthodes.
En outre, il y a, à la base du principe du recrutement lui-même,
une part de tromperie : il s'agit de convaincre des gens de s'enrôler
dans une entreprise pour le moins hasardeuse en leur cachant les risques
qu'elle comporte. Aussi la plupart des annonces faites par les recruteurs
étaient-elles enjôleuses. J.-F. Bourret expose les techniques
publicitaires qu'il a découvertes dans les feuilles volantes
retrouvées dans les archives familiales de certains colons, par exemple,
dans celles de Daniel Huymann, qui signa son contrat le 16 Avril 1766. J.-F.
Bourret déclare : « L'auteur utilise le procédé
de l'énumération emphatique, accumulant les noms de plantes
et animaux... »21
L'exploitation de la naïveté populaire se révèle criminelle dès que surgissent les premières difficultés d'organisation. Elles apparaissent dès le voyage. « L'article 3 du manifeste prévoit la possibilité d'une prise en charge par l'Etat du voyage jusqu'en Russie. »22 Mais c'est de toute évidence, une aide limitée, qui ne permet pas aux émigrants de faire face aux situations extrêmes qu'ils rencontrent. J.F. Bourret cite une description d'un convoi, recueillie dans un ouvrage anonyme paru en 1768 : « Ce jour-là, qui était très chaud, ils avaient parcouru un chemin long et difficile. Beaucoup avaient, en plus d'eux-mêmes, à s'occuper de quelques enfants ; pourtant, dès qu'ils aperçurent la petite ville de T. , ils déployèrent toutes les forces qui leur restaient pour être les premiers à acheter des vivres, étant donné qu'ils pouvaient facilement juger qu'il n'y aurait pas assez de réserves pour tous... »23.
Le bilan fournit par Heinz Ingenhorst est significatif du peu de cas dont les recruteurs firent de leurs recrues : il cite 15% de pertes dues soit aux décès, soit aux désertions au cours d'un périple de plusieurs mois. Selon son avis, « le voyage qui était d'environ 3.000 kilomètres représentait , compte tenu des conditions de l'époque, une aventure quasi inhumaine. »24
Le départ de ceux qu'on appellera plus tard les Allemands de la Volga est donc, à l'inverse d'une colonisation programmée par des Etats allemands désireux de conquête, la conséquence des carences du pouvoir affaibli, voire corrompu de souverains allemands incapables d'assurer le bien-être de leurs sujets. C'est dans ce sens que va l'analyse suivante : « Nous avons mis en évidence que c'est justement sous la pression de la nécessité que nos ancêtres ont émigré d'Allemagne, parce que la situation des masses laborieuses y était telle que celles-ci végétaient plus qu'elles ne vivaient. »24
Les colons fuyaient des seigneurs insensibles à leur condition, mais
ils retombaient sous l'autorité d'un autre souverain qui ignora aussi
leurs aspirations.
Bien entendu, on ne peut pas soupçonner Catherine II d'intentions
malveillantes à l'égard des immigrants. D'ailleurs, le succès
de l'entreprise dépendait du bien-être de chacun et la situation
offerte par le manifeste présentait de nombreux avantages. Les colons
étaient exemptés de services militaires et civils. «
Ils pouvaient bénéficier d'avances d'argent pour le voyage,
la construction d'une ferme, l'achat de matériel agricole et d'un
cheptel et de semences, remboursables sans intérêt en trois
tiers, la onzième, douzième et treizième année
d'exploitation, la cession gratuite de terres, la vente détaxée
pendant dix ans, l'exemption fiscale pendant trente ans, tels étaient
les termes du contrat favorables aux colons, qui s'engageaient en revanche,
à remettre le dixième de leurs productions à leur directeur.
»25 Par ailleurs,
la liberté religieuse est garantie aux catholiques et aux protestants.
Il est précisé que « le prosélytisme est
autorisé auprès des musulmans, mais rigoureusement interdit
auprès des orthodoxes.
»26 Il n'était
donc pas question de leur accorder les mêmes avantages qu'aux catholiques
orthodoxes, qui jouissaient d'une place privilégiée auprès
des tsars de Russie. Cependant, la tolérance religieuse
représentait, pour les catholiques et surtout, pour les protestants
qui n'avaient pas le même contentieux avec l'église de
Constantinople que les catholiques, une issue à la domination
exercée par les différentes principautés
allemandes.27
Comment expliquer alors que la réalité fut si décevante ? Sur place, « les colons ne trouvèrent pas d'infrastructure, à peine des matériaux de construction et pas de matériel agricole. »28Les chiffres témoignent de la situation. Jusqu'en 1768, on compte le départ de 27.000 colons. En 1773, le nombre d'habitants suit une courbe ascendante, mais les pertes n'ont pas encore été compensées. Le chiffre fourni par K.J. Bade est de 25.781 habitants 29.
C'est que le projet de Catherine II est celui du « despote éclairé » du XVIIIème siècle, proche des technocrates, mais très loin de la réalité vécue par les individus. Lothar Dralle déclare : « A la base de cette période de colonisation, il y a l'Etat absolu... »30 On procède d'après des théories alimentées par des arguments scientifiques et sous la direction d'administrations centrales. La colonisation de la Volga suit la tendance amorcée par Pierre le Grand de l'ouverture de la Russie à l'Occident. En outre Catherine II s'intéresse aux conceptions des Physiocrates31et cherche donc à développer l'agriculture et le libre-échange. En même temps, il devenait de plus en plus indispensable d'assurer une présence aux confins orientaux de l'Empire. A l'agitation permanente des tribus de Kirghiz, Bachkirs et Kalmouks s'ajoutaient des conflits frontaliers avec la Chine. J.F. Bourret écrit : « De la même manière qu'on stabilise les dunes par des plantations, Catherine II décida de fixer ses marches par la colonisation. »32
La démarche de Catherine II est donc celle d'un monarque absolu, avec tous les risques que cela comporte. Il aurait pu y avoir, malgré tout, concomitance entre les aspirations des colons et les attentes de l'impératrice. Après tout, la volonté affichée par le despotisme éclairé n'était-il pas d'améliorer le bien-être du peuple ? Mais il aurait fallu que les colons, liés par un contrat, fussent clairement au fait des conditions qui leur étaient accordées. En réalité, on laisse miroiter une marge
de manuvre illusoire. Le choix du lieu, déjà déterminé par les besoins de l'Etat russe, n'est pas précisé. On peut lire dans le manifeste du 22 Juillet 1763 : « Nous permettons à touts étrangers de venir dans notre Empire et de s'établir indistinctement dans toutes nos provinces à leur choix. »33
Mais c'est surtout le malentendu portant sur la propriété qui représenta l'atteinte la plus grave à la liberté des colons. L'ambiguïté du manifeste fut largement exploitée par les démarcheurs comme par exemple dans ce document publicitaire : « Il est aisé de voir que les familles qui n'ont rien aujourd'hui chez elles, se trouveront en Russie, propriétaires... »34
On était bien loin de la vérité. En fait, c'était à la colonie dans son ensemble que les avantages énumérés dans le manifeste étaient concédés. Dès le 19 Mars 1764, une instruction impériale lève l'ambiguïté du manifeste et annonce clairement la conception de Catherine II : « Toutes les terres affectées à l'installation des colons leur sont données pour toujours en pleine possession incontestable et héréditaire, cependant non pas comme propriété personnelle d'un individu, mais comme bien commun de chaque colonie. »35
Ainsi, Catherine II, avait la volonté de réaliser son projet
pour le bien de l'Empire, au mépris des aspirations individuelles.
Une des premières conséquences en fut la mauvaise évaluation
des besoins des colons. Leur situation se révéla dramatique
dans les premiers temps de leur installation.
On voit donc les individus rencontrèrent la même indifférence
dans le pays d'immigration que dans les Etats allemands qu'ils venaient de
quitter. Mais parce qu'ils avaient pris la décision d'abandonner leur
patrie pour survivre, ils réussirent à s'adapter. Lothar Dralle
expose clairement leurs difficultés et en même temps, leur
capacité à les surmonter : « Quand les Allemands
arrivèrent dans la région de la Volga il leur fallut constater
qu'à la place du paradis promis, c'était une région
sauvage qui les attendait.
Tous les nouveaux venus n'étaient pas à la hauteur des
difficultés de cette aventure. Quelques-uns abandonnèrent,
d'autres moururent. Mais la plupart tint bon.
»36
L'entreprise dans laquelle ils s'étaient engagés leur avait
demandé trop d'énergie pour qu'ils fissent un constat
d'échec. Ils ne pouvaient qu'adhérer totalement au projet,
bien qu'il fût dicté par la raison d'Etat. Il y a là
une donnée qui a façonné de façon durable le
groupe culturel que représentent les Allemands de la Volga. L'idée
qu'ils avaient émigré pour trouver mieux a fait d'eux une
communauté agissante. Et pour rester actif dans des conditions que
l'on doit accepter, il n'y a pas d'autre solution que de s'approprier les
règles imposées. C'est ce qu'ils firent, tout en essayant de
défendre au mieux leurs intérêts.
Les règles que les colons durent adopter étaient celles qu'avait prévues Catherine II pour un fonctionnement efficace de la colonie. Selon son rôle de monarque absolu et éclairé, l'impératrice avait fait préparer la colonisation dès 1762 et créé une instance centrale, « La Chancellerie de Protection pour les Etrangers »37 D'ailleurs, le manifeste du 4 décembre 176238 témoigne de la détermination de Catherine II. J.F. Bourret déclare : « Ce souci de mener rondement l'affaire est plusieurs fois exprimé dans ce texte. »39
Dès le recrutement, l'organisation prend en considération la
colonie dans son ensemble. Qu'il s'agisse des colonies fondées par
les entrepreneurs, que l'on pourrait considérer comme les sous-traitants
de l'entreprise, ou des commissaires nommés directement par le
gouvernement russe, c'est au groupe que l'on s'adresse, ou plus exactement,
à son directeur.40
C'est donc à lui et non pas à chacun des colons que sont
accordées les avances en argent. Le contrat signé le 19 mai
1765 entre le Baron Caneau de Beauregard et le Comte Orlov, président
de la Chancellerie de Protection pour les Etrangers expose les clauses suivantes
: « Sur dépôt d'une caution auprès du
représentant russe à Hambourg, Caneau recevra une avance de
quinze mille roubles. Pour le voyage jusqu'au point d'embarquement, il pourra
engager des dépenses jusqu'à quarante roubles par famille pour
le transport et mille roubles pour cent familles pour la nourriture et le
logement... Une fois sur les lieux, l'entrepreneur recevra une nouvelle avance
de quatre mille roubles pour cent familles « pour leur installation
économique », remboursable en trois termes après dix
années, sans intérêt.
»41 En même
temps, c'est le directeur de la colonie qui doit tirer ses revenus du travail
de ses colons.
Ce système de fonctionnement a inspiré divers commentaires.
Ainsi, Heinz Ingenhorst va jusqu'à estimer que les colons étaient
« propriété des entrepreneurs » et que pour eux,
le manifeste n'était pas
respecté.42
Jean-François Bourret a un avis plus nuancé. Il relève
que « le point le plus défavorable au futur colon est dans la
clause 3 où il s'engage à l'avance à se soumettre à
toutes les dispositions que le chef de la colonie voudrait prendre pour le
bien commun de cet établissement », mais affirme pourtant
que « les contrats ne transforment pas les colons en serfs.
»43 Il s'appuie
sur la clause 7 du manifeste : « La clause 7 autorisait le colon
à quitter la Russie à son gré, et en emportant ses biens,
à condition qu'il ait préalablement remboursé les avances
faites et payé un impôt sur ses avoirs, dégressif d'ailleurs
au bout de cinq années.
»44
A ces distinctions dans la lecture des textes, on pourrait ajouter une
appréciation variable de la réalité selon la
personnalité des directeurs eux-mêmes. Ainsi, Caneau prévoit
une hiérarchie très réglementée et sollicite
l'autorisation de « diviser les colons à la manière
suisse, en régiments, compagnies, escouades et de donner des grades,
afin d'éveiller chez les gens convoitise et zèle
».45
Sa proposition était sans doute dans l'esprit de l'administration
russe qui, dès Lübeck, le port d'embarquement, esquissa la
première organisation de colons : « Les commissaires
choisissaient parmi les émigrants des responsables appelés
Schulze, Vogt ou Vorsteher.
»46
On pourrait imaginer des situations de dépendance intolérables.
Heinz Ingenhorst remarque que les colons qui dépendaient d'entrepreneurs
privés avaient des conditions de vie bien plus difficiles que ceux
qui avaient été recrutés directement par les commissaires
russes. Il signale d'ailleurs que des Allemands prirent part à la
révolte des paysans de Jemeljan Pulgatschows de1773/74.
Pourtant, l'impératrice n'entendait pas laisser d'autres maîtres
exploiter et dominer abusivement ses colonies. Ainsi, à l'origine
de la création d'un organe décentralisé de la Chancellerie
de Tutelle, il y, entre autres, « le comportement arbitraire des
commissaires qui furent les chefs de convoi.
»47 Par ailleurs,
le gouvernement russe solda rapidement ses comptes avec les anciens entrepreneurs
français.
Enfin, c'est le système collectiviste lui-même, contenu dans
les dispositions prises dans le manifeste, qui offrait une très nette
entrave à un abus de pouvoir de tel ou tel entrepreneur ou directeur.
La domination qui s'imposa fut en effet celle du groupe dans son ensemble.
J.F. Bourret écrit : « Chaque colon est en état
de dépendance par rapport à l'ensemble du village
représenté par l'assemblée du village
».48 La colonie
a le statut de personne morale à l'égard de l'Etat et
l'équilibre économique du village dépend des actes de
chacun des individus. Bientôt, des statuts plus clairement définis
permettent de distinguer le maire comme intermédiaire entre la population
et les commissaires. Son rôle est significatif de l'esprit qui avait
inspiré l'organisation communautaire de la colonie. Il n'est pas le
chef du village en tant que meneur, mais plutôt l'exécutant
de la collectivité, chargé de veiller au bon fonctionnement
du village pour en assurer le meilleur rendement. C'est qu'il s'agissait,
pour la collectivité, de répondre aux questions vitales, puis
peu à peu, de dépasser le seuil de la survie. Le village devait
en effet, s'acquitter de sa dette envers l'Etat russe. « Les avances
consenties sous forme de prêts par la Couronne pour l'installation
des colons ne sont pas considérées comme la dette personnelle
de chaque colon, mais comme celle de toute la communauté de la colonie,
c'est pourquoi la dette de la Couronne ne peut être éteinte
par le décès d'un colon, mais elle doit être payée
par la commune à laquelle appartenait celui qui est
décédé.
»49
De la même manière, les impôts étaient
prélevés collectivement et il est précisé que
« la répartition interne des impôts dans les colonies
est laissée à l'estimation de la communauté de chaque
colonie. »50
Mais la comptabilisation était faite selon le recensement de la
population. Ainsi, « la taxe pour l'entretien des institutions
judiciaires était de cinq kopecks par âme/révision, la
taxe pour l'entretien des routes et voies d'eau de neuf kopecks par
âme/révision.
»51 Même
s'ils ne l'avaient pas été au départ, les colons ne
pouvaient que devenir solidaires. « La plus petite
épidémie pouvait réduire rapidement le nombre d'habitants
mais l'administration ne tenait pas compte de ces fluctuations entre deux
révisions. »52
De telles conditions suscitent un contrôle de chacun par le groupe.
L'individu doit rendre des comptes, non seulement d'efficacité dans
le travail, mais aussi d'intégrité dans sa vie privée.
Il en résulte une réglementation très stricte qui va
dans le sens de l'intérêt commun. Par exemple, «
un colon désirant s'absenter doit obtenir du maire une attestation
que son absence ne sera pas dommageable à la tenue de son
exploitation. »53 Et comme un
des éléments importants de l'équilibre social et
économique est la stabilité de la cellule de base qu'est la
famille, le mariage est soumis à l'appréciation du maire :
« C'est lui qui reçoit la demande, l'envoie au Comptoir
qui retourne à l'autorité religieuse un bulletin autorisant
la célébration du mariage.
»54
De telles contraintes auraient pu avoir un effet très négatif.
Au contraire, cette organisation fut un terrain favorable à
l'épanouissement de la colonie. La première raison est que
le système mis en place par Catherine II, tout en maintenant le principe
directeur de la réalisation de son projet, donnait à la colonie
une autonomie suffisante pour masquer ses fins. Ainsi, pour compléter
l'exemple précédent, il faudrait ajouter cette précision
: « Il faut essentiellement que le couple ait été
reconnu apte à exercer l'activité de son état, agriculture,
commerce, artisanat.
»55 En fait,
presque tous les immigrants qui avaient répondu au manifeste du 22
Juillet 1763 ont été contraints de devenir des agriculteurs.
On comprend ici sur quelles bases s'est formé l'esprit de la colonie.
Les contraintes imposées par Catherine II ont été
transposées par le principe de la communauté sur le groupe
et sont devenues des valeurs morales que la collectivité a reprises
à son compte et développées dans sa culture.
L'intégrité morale, la valorisation du travail servaient en
même temps l'impératrice et le village.
La deuxième raison est une coïncidence entre les aspirations
des colons et l'indifférence adoptée traditionnellement par
l'administration russe à l'égard des étrangers. Les
Allemands qui s'installèrent sur les bords de la Volga avaient
abandonné leur patrie, chassés par la misère et ils
nourrissaient le rêve de recréer ici, une autre patrie, plus
clémente. Heinz Ingenhorst expose leur projet : « Ils voulaient
créer dans le nouveau monde d'autres communautés « allemandes
» autonomes qui fussent pourvues de toutes les libertés
(liberté de religion et de culture, pas de service militaire, pas
de servage, etc.), dont ils avaient été privés dans
leur ancienne patrie
»56 Leur idéal
d'une société allemande, qu'ils voulaient créer dans
la colonie, s'accompagnait des valeurs de travail dont ils avaient besoin
pour survivre. Leur volonté de rester entre eux s'accommodait parfaitement
de l'indifférence des autochtones. Il n'y avait pas de volonté
d'intégration de la part d'aucun des deux signataires du contrat.
Chacun poursuivait son projet et les Allemands de la Volga conservèrent
d'autant mieux leur identité que l'Empire russe avait créé
un système qui allait dans leur sens. J.F. Bourret fait le bilan suivant
: « La responsabilité collective, le souci d'unanimité,
les nombreuses tâches faites en commun, le caractère
inaliénable de la terre, les contraintes fiscales de tout
déplacement, les privilèges liés à l'état
du colon donnèrent à chaque colonie une force centripète
exceptionnelle créant les conditions d'une conservation de
l'identité d'origine. »57
Ainsi, la politique de la Russie tsariste avait conforté les Allemands de la Volga dans un ostracisme qui leur convenait. D'un sentiment justifié d'appartenir à une communauté courageuse, la minorité pouvait suivre une tendance dangereuse au replis sur soi et au chauvinisme. Mais ils s'étaient aussi appropriés les valeurs communautaires qui leur avaient été imposées. Ainsi, ils ne resteraient pas une colonie isolée, fermée au monde qui évoluait autour d'elle. Au contraire, en renforçant leur engagement dans la vie du groupe, ils allaient, mieux qu'aucun autre peuple de Russie, savoir utiliser les voies de la politique pour défendre leurs intérêts. Au milieu des transformations qui allaient secouer la Russie, ils allaient prendre parti et dès que les structures administratives leur en donneraient l'opportunité, ils sauraient affirmer leur identité d'une manière constructive.
Des 17,5 millions d'Allemands qui vivaient en 1939 à l'Est des frontières actuelles de l'Allemagne Fédérale, on n'en comptait plus en 1960 qu'environ 4 millions. Ce chiffre est indiqué par Joachim Rogall dans l'introduction qu'il a rédigée pour le bulletin d'information gouvernemental de la République Fédérale, intitulé Informationen zur politischen Bildung. Aussiedler. Référence 222. B6897F. Nouvelle édition 1991. P.1. Mais cette donnée prend aussi en compte les pertes humaines dues aux persécutions à la suite de la guerre.
Une autre source permet d'évaluer approximativement le nombre d'Allemands qui ont quitté les pays de l'Est à la fin de la deuxième guerre mondiale. Il s'agit de l'étude de Heinz Ingenhorst. Die Rußlanddeutschen..Campus Forschung.1997. p.73. »Allein etwa zwölf Millionen Menschen waren am Ende des Zweiten Weltkrieges aus Ostdeutschland und den deutschen Siedlungsgebieten in der UdSSR, Polen, der Tschechoslowakei, Rumänien, Ungarn, den baltischen Staaten und dem Balkan geflohen, umgesiedelt oder vertrieben worden. »A la fin de la deuxième guerre mondiale, pas moins d'environ 12 millions de gens de l'Est de l'Allemagne, des colonies allemandes en URSS, Pologne, Tchécoslovaquie, Roumanie, Hongrie, dans les Pays Baltes et les Balkans avaient fui ou avaient été déplacés.
Heinz Ingenhorst. Die Rußlanddeutschen. Campus Forschung. 1997.p. 94.
P. 94. Ouvrage cité à la note 2.
4 La date est confirmée par Jean-.François Bourret, dans son ouvrage Les Allemands de la Volga, histoire culturelle d'une minorité, 1763-1941. Presses Universitaires de Lyon. Editions du C.N.R.S. 1986. P.19 : « Avant de confier le recrutement de colons à des commissaires agréés par les représentations russes en Allemagne, la Chancellerie de protection pour les étrangers signa des contrats avec des entrepreneurs...
Le premier contrat de ce genre fut signé le 17 novembre 1764 à Paris ... »
Il s'agit d'un deuxième manifeste. Jean-François Bourret déclare : » Dans le préambule, la souveraine fait référence au manifeste du 4 décembre 1762 et reconnaît explicitement l'insuccès de ce dernier dû à la brièveté des explications données. » P. 14.Ouvrage cité note 4.
6 Des extraits du témoignage de Christian Gottlob Züge sont cités par Jean-François Bourret dans son ouvrage dont les références sont indiquées à la note 4. Jean-François Bourret a lui-même utilisé le compte rendu de W. Webel, intitulé Der russische Colonist oder Christian Gottlob Züges Leben in Russland.Naumburg/Zeitz. 1802.
P. Ouvrage cité note 4.
Dans son ouvrage cité note 2, J.F. Bourret donne à la note 23 la référence de cette citation. P. 16. Ouvrage cité note 6.
9 P.21. Ouvrage cité note 1.Texte
original : »Die verheerenden Folgen des Krieges, Not, Hunger und
wirschaftlicher Ruin sowie die umfassende Unterdrückung waren Gründe,
die ein Verlassen der Heimat nahelegten. »
10 Catherine II est née à Stettin et est la
fille du duc d'Anhalt-Zerbst.
11 P.140. Lothar Dralle. Die Deutschen in Ostmittel- und
Osteuropa. Wissenschaftliche Buchgesellschaft. 1991. Darmstadt. Texte original
: »dass, bei Gelegenheit, da die deutschen Emigranten, die nach
Ausland gehen, ihren Versammlungsort zu Rosslau haben, keine Leute aus unserem
Land wegzugehen verleiten... da diese Leute noch bei guten Jahren und
Kräften sind und gut arbeiten können. »
12 P. 138. Ouvrage cité note 11. Texte original :
»In allen europäischen Staaten bekanntgemacht, hatte es
nennenswert Erfolg allein in Deutschland. »
13 P. 140. Ouvrage cité note 11. Texte original :
»In Deutschland erließ Kaiser Josef II. ein allgemeines
Auswanderungsverbot. »
14 P.40. Ouvrage cité note 4.
15 Alfred Eisfeld.. Article paru dans le cahier n°222
d'Informations pour la formation politique, édité par le Centre
Fédéral de l'information de BonnOuvrage cité note 1
. P.10.Texte original : « Der « Populationstheorie »
entsprechend erhoffte man den wirtschaftlichen Aufschwung eines Landes durch
die Vermehrung der Arbeitskräfte erreichen zu können.
»
16 J.F. Bourret le désigne sous le nom d'entrepreneur
et il explique que la Chancellerie de Protection pour les Etrangers,
créée par Catherine II à l'occasion de l'entreprise
de colonisation, fit appel à des entrepreneurs pour le recrutement
de colons. »Le premier contrat de ce genre fut signé le 17 novembre
1764 à Paris... Il servit de base à deux autres contrats, l'un
avec Le Roy et Pictet, l'autre avec le Baron Caneau de Beauregard ».
P.19. Ouvrage cité note 4.
17 Lettre de Simoline au Prince de Gorlitzine du 1er mai
1766. Pisarevskii. Simoline était l'ambassadeur de Catherine II
auprès de la Diète de Ratisbonne.
18 P.21. Ouvrage cité note 4.
19 P.22. Ouvrage cité note 4.
20 Citation reprise de l'ouvrage de J.F. Bourret, cité
note 4.P.30
21 P.24. Ouvrage cité note 4.
22 P.15. Ouvrage cité note 4.
23 P.33. Ouvrage cité note 2.
24a P.21-22. Ouvrage cité note 1. Texte original
: »Die etwa dreitausend Kilometer lange Reise stellte unter den
damaligen Bedingungen eine fast unmenschliche Strapaze dar.
»
24b D. Schmidt. Studien über die Geschichte der
Wolgadeutschen : Seit der Einwanderung bis zum imperialistischen Weltkriege
» (Prokovsk / Moscou/ Kharkov) Zentral-Völker-Verlag. 1930. T.1.
P.40.
25 P.28. J.F. Bourret. Ouvrage cité note 4.
26 P.14.J.F. Bourret. Ouvrage cité note 4.
27 J.F. Bourret fait une analyse détaillée
de la place faite aux Eglises en Russie dans le chapitre II de son ouvrage
cité note 4.
28 P. 22. H. Ingenhorst. Ouvrage cité note 2. Texte
original : « ... die Siedler fanden keine Infrastruktur, kaum
Baumaterial und keine landwirschaftlichen Geräte vor. »
29 P.92 T.1.J.K. Bade.Ausländer. Aussiedler. Asyl in
der Bundesrepublik. Hannover. 1992.
30 P. 120. L. Dralle. Ouvrage cité note 11. Texte
original : « Der Träger dieses Siedlungsabschnittes ist der absolute
Staat. »
31 Le chef de file de l'Ecole physiocratique est François
Quesnay (1694-1774). Selon les Physiocrates, la classe productive est celle
des travailleurs de la terre, car elle crée plus de richesses qu'elle
n'en consomme.
32 P.17.J.F. Bourret. Ouvrage cité note 4.
33 P.20 J.F. Bourret. Ouvrage cité note 4.
34 P.11. Les Archives de la Bastille dans La Revue des Revues.
4ème trimestre 1896. Ouvrage cité par J.F. Bourret. P.26.
Ouvrage cité note 4.
35 Code colonial appelé Colonialkodex (
référence de l'article :kol. 159) Sammlung der Bestimmungen
und Verordnungen für die Kolonien der Ausländer im russischen Reiche,
traduit par A. Peck. Saint-Pétersbourg. 1862. Ouvrage cité
par J.F. Bourret.P.55. Ouvrage cité note 4.
36 P. 140. L. Dralle. Ouvrage cité note 11. Texte
original : » Als die Deutschen im Wolga-Gebiet ankamen, mussten
sie feststellen, das dort statt des versprochenen Paradieses eine Wildnis
auf sie wartete.
Nicht jeder der Neuankömmlinge war den Strapazen gewachsen. Einige gaben
auf, andere starben. Die Mehrzahl aber biss sich durch. »
37 P. 45. J.F. Bourret donne la précision suivante
: « La traduction allemande utilise l'expression Tutel-Kanzeley ou Kanzlei
der Vormundschaft für die Ausländer. L'analyse des textes créant
cet organisme s'accomode mieux de l'idée de protection ; la pratique,
en revanche évoque davantage une tutelle. »Ouvrage cité
note 4.
38 Le manifeste du 4 décembre 1762 fut publié
dans Polnoe Sobranie Zakonov Rossiïskoï Imperii.T16, sous le
numéro 11720, P.126-127. J.F. Bourret cite le Recueil Complet des
Lois de l'Empire russe sous l'abréviation P.S.Z.
39 P.45 J.F. Bourret. Ouvrage cité note 4.
40 P.19.J.F. Bourret explique : « (Les entrepreneurs)
eurent pour obligation de rassembler des populations, de les encadrer pendant
le voyage, de s'établir enfin avec eux comme directeurs d'un ensemble
de colonies. » Ouvrage cité note 4.
41 P.19.J.F. Bourret. Ouvrage cité note 4.
42 P. 22. Heinz Ingenhorst. Ouvrage cité note 2.
Texte original : « Für diese Kolonisten war das Manifest in
großen Teilen außer Kraft, sie waren Hörige der Lokatoren.
»
43 P.27 J.F.Bourret. Ouvrage cité note 4.
44 P.28. J.F. Bourret. Ouvrage cité note 4.
45 P.20.J.F. Bourret. Ouvrage cité note 4.
46 P. 37. J.F. Bourret. Ouvrage cité note 4.
47 P.48.J.F. Bourret. Ouvrage cité suivante note
4.
48 P.54.J.F. Bourret. Ouvrage cité note 4. Par ailleurs,
on trouve dans le même ouvrage, P.53, la précision suivante
: « La base de l'organisation interne de la colonie est
l'assemblée du village à laquelle doivent participer les colons
à raison de d'au moins un représentant par ferme. La participation
est obligatoire sous peine d'amende. »
49 Ouvrage cité note 38.kol 293.
50 Ouvrage cité note 38.kol 269.
51 Ouvrage cité note 38 kol 244.
52 P.55-56. J.F. Bourret. Ouvrage cité note 4.
53 Ouvrage cité note 38.kol 424.
54 P.52. J.F. Bourret. Ouvrage cité note 4.
55 P.52.J.F. Bourret. Ouvrage cité note 4.
56 P.11. Heinz Ingenhorst. Ouvrage cité note 2. Texte
original : « Sie wollten auf Neuland neue, selbstverwaltete «
deutsche » Gemeinwesen schaffen, die mit all den Freiheiten (Religions-
und Kulturfreiheit, kein Militärdienst, keine Leibeigenschaft, etc.)
ausgestattet waren, die ihnen in der « alten » Heimat verwehrt
worden waren.
57 P. 56. J.F. Bourret. Ouvrage cité note 4.
(über den Frame)